(*Il n’est pas question ici de traiter du danger ou de l’impact écologique de ce moyen de locomotion mais du concept même de la trottinette électrique.)
Mauvais souvenir
Je me revois il y a deux ans, jeune alternant en retard pour son boulot à Paris. Pas de vélib. Encore plus en retard. Trop long d’y aller en métro. L’horloge tourne…. Il me reste la trottinette électrique. Je monte sur la première venue. Je mets ma mallette sur une des poignées et zéééé parti! Me voilà la cravate au vent, la mallette qui balance. Mais mon corps ? Statique. Mon destrier ? Ridicule! Le décor ? Une rue embouteillée, une odeur de gasoil et pas de son de trompette en écho…
Il me manquait seulement les airpods et j’étais l’archétype du jeune cadre dynamique qu’on a envie de balancer dans la Seine.
Je me suis vu. Je me suis détesté.
Je me suis rarement aussi peu senti homme que ce matin-là.
Pourquoi ? Je subissais mon trajet. La technique et le confort poussé à l’extrême avaient pris toute ma liberté. Alors oui, c’est que de la gueule me direz-vous. C’est peut être un sujet de forme, mais l’attitude extérieure révèle plus qu’une simple posture physique, c’est l’écho visible d’une disposition de l’âme.
Il y avait un cri de mon cœur d’homme. Ce besoin de mouvement, de maîtriser sa monture. D’avoir un minimum d’effort et de faire corps avec son moyen de locomotion : le cheval, le bateau, le vélo, la voiture, la moto !
Bannissement sans appel
Nous vivons dans une société de confort, c’est vrai. Mais à ce point c’est pousser le vice jusque dans la manière de mouvoir son corps. C’est la position canapé à la verticale.
Moi Président, j’interdirai la trottinette électrique pour les hommes. Vous êtes en retard ? Courez vite ! Et avec classe s’il vous plaît ! Soyez ce James Bond en costume qui court sauver le monde !
L’homme aime cette subtile alliance de l’élégance dans le mouvement, de l’esthétique dans la virilité. Mais debout, les pieds joints sur ce petit engin mobile et autonome où le seul “effort” consiste à appuyer avec le pouce sur l’accélérateur, il vient briser cette recherche du dépassement de soi et de la beauté qui stimulent, qui élèvent.
J’exagère ? C’est pratique la trot’? Surtout à 4h du mat’ en retour de soirée ? … Justement ! C’est cette excuse bidon de la praticité qui cache celle de la facilité, de la flemme, de l’affaissement peu à peu du corps, de l’esprit et de la volonté.
Alors Messieurs, s’il vous plaît, du nerf ! N’abaissez pas votre corps physique et votre volonté à un tel exercice d’équilibriste ambulant. Redonnez ses lettres de noblesse à vos déplacements même les plus insignifiants ! En selle, et sabre au clair !
Une action : Supprimer immédiatement toute application pour prendre une trottinette sur mon smartphone !